Le retour en France approche… Je ne
serais restée qu'un mois en Roumanie mais ce mois a été plus riche
humainement et émotionnellement parlant que je ne pourrais le raconter.
Je comprends maintenant pourquoi des
personnes comme Francine peuvent décider de rester y vivre après avoir vécu
la rencontre avec des enfants des orphelinats.
J'ai vécu 3 semaines dans un centre
d'enfants handicapés à Hunedoara et je crois que je n'oublierai jamais cet
endroit. J'y ai vécu beaucoup de joies car ces enfants sont extrêmement
attachants, tellement heureux que l'on vienne s'occuper d'eux, tellement en
demande d'attention, d'affection et avec le sourire malgré la réalité de leur
vie.
Je m'en veux de repartir en les laissant
dans ce quotidien que maintenant je connais. D'avoir dormi, vécu dans ce centre,
j'ai vu ce qu'était leur vie et encore, venant tous de Paclisa (hôpital
psychiatrique " d'enfants irrécupérables ") leur petite enfance
devait être encore vraiment pire.
Dans ce centre, ce qui m'a d'abord
choqué, c'était l'environnement : un centre tout neuf, propre, déposé au
milieu d'un quartier pauvre dans une ville pleine d'anciennes usines de
sidérurgie, bref un environnement triste déjà hostile.
Puis il y a eu la rencontre avec les
éducateurs, déjà on ne nous a pas présentées, ce qui n'a pas facilité les
relations, puis leur manque de motivation, d'intérêt et d'attention pour les
enfants m'a vraiment choqué. Laisser les enfants s'enfermer dans des
stéréotypies, les laisser sans stimulations, sans affection, voir pire, est
quelque chose que je ne comprend pas. L'hypocrisie dont ces éducateurs ont
joué jusqu'au dernier jour en ne daignant sortir des jouets que lors d'une
inspection ne provient pas d'un manque de formation mais d'un manque de
compassion. Bien sur, une formation serait un point important à mettre en
place, permettant une meilleure connaissance du handicap, mais peut être
également un recrutement des éducateurs plus sur une véritable vocation que
sur la seule recherche d'un salaire. Car heureusement nous avons également
rencontré des personnes désirant accroître leurs compétences, connaître la
façon dont fonctionne un centre en France et ce qui serait intéressant de
travailler avec ces enfants. Je pense surtout à une éducatrice, Cami, qui m'a
impressionnée par son courage, son amour pour ces enfants et sa volonté de
continuer à se battre pour tenter d'améliorer leurs vies malgré la passivité
de ses collègues. Grâce à elle et au soutien de Francine et Rénata dans le
calme et la beauté apaisante de Baia de cris, j'ai pu tenir ces 3 semaines
pourtant très éprouvantes.
Ce voyage m'aura vraiment apporté
beaucoup par tout ce que ces enfants m'auront appris, par leur courage et leur
image que je garderai toujours en moi, espérant que je puisse un jour revenir
et faire quelque chose de plus pour eux et pour tous les autres. Ils m'ont
ouvert les yeux sur une réalité qui influencera sûrement mon avenir.
De plus j'ai appris sur moi et sur la
vie en communauté. Vivre une telle expérience à plusieurs permet un échange,
un soutien mais également de décompresser, notamment par le rire ce qui me
semble essentiel pour avoir la force de continuer.
Pour toutes ces raisons la Roumanie a
pris une place spéciale en moi et le défilé des paysages magnifiques de la
campagne roumaine, sous les rythmes envoûtants du Manélé, dans les bus à la
conduite assez inoubliable, restera un souvenir impérissable.
Anaïs.