Association Casa de Copii

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La page de Laureline
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La Roumanie, Pays de tous les mélanges
Dans les rues de Brad, on croise aussi bien la grosse Mercedes aux vitres tintées que les Tziganes dans leur charrette. Autant la vieille dame au dos courbé et au visage ridé que la femme bien habillée et maquillée. Et le petit orphelin qui mendie. Certaines personnes sont vraiment très pauvres et dans la détresse. En Transylvanie, il y a Roumains, Hongrois, Tziganes qui se mélangent. Plus ou moins bien. Certains Tziganes habitent avec toute leur famille dans une case de porcherie désaffectée, d’autres se font construire des palaces aux toits luisants au soleil. C’est à cause de ça, je crois, que la communauté Tzigane n’est pas aimée. La Roumanie, c’est aussi les grandes villes très polluées aux rues poussiéreuses, mais non sans charme, bordées d’immeubles vétustes ou des paysages vallonnés lumineux aux champs de tous les verts, tous les beiges, différents à chaque heure avec ces bottes de paille très particulières. Ne pas oublier la montagne. Couverte de forêts verdoyantes, neiges éternelles, sources et lacs en altitude. C’est vraiment magnifique. Une beauté inconnue !

Les enfants avec lesquels nous sommes à l’école sont soit très pauvres, soit orphelins. Ils sont pourtant si riches intérieurement ! Chacun est vraiment unique et apporte sa personnalité, sa joie, sa bonne humeur. Ce que nous faisons ne changera pas leur avenir mais apportera peut-être une petite lumière à leur enfance. Rien ne me fait plus plaisir de les voir chaque matin arriver. C’est la preuve que cette petite action sert à quelque chose, qu’il peuvent s’évader, grâce à nous, ces quelques temps, de leur monde.

Nous essayons de préparer le mieux possible nos activités pour pouvoir leur présenter quelque chose d’original et surtout de faisable par tous. Ils nous rendent bien ces moments passés à préparer lorsqu’on voit avec quelle fierté ils nous présentent leur travail terminé. Je crois que tout peut leur plaire. Il faut juste leur montrer où ils doivent aller en leur présentant un modèle terminé de l’activité et avoir une bonne méthode pour y arriver. Les guider tout en laissant libre leur imagination. Chaque enfant a un don pour quelque chose de particulier. On s’en rend bien compte ici.

Mon meilleur souvenir, cette farandole de couleurs, la musique dans la cour. Les enfants semblaient heureux. Chacun avait un masque d’oiseau, une couronne de plumes et des ailes. Ils dansaient sur une de leurs musiques.

A la fin de cette matinée, des déguisements restaient sur les marches de l’école. Quand j’ai dit à Ionut qu’il pouvait les emmener à la maison d’enfants, je l’ai vu si heureux ! Un sourire jusqu’aux oreilles. « c’est vrai ? Pour la maison d’enfants ? Pour les autres enfants ? » m’a-t-il répondu avec sa voix aiguë. « Multumesc, Multumesc, Multumesc ! » je l’entends encore. Je crois que c’est ce que j’ai fait de mieux de ma vie !
Des choses si simples leur font plaisir ! Qu’on se sent ridicules à côté. Voir une publicité pour des chips plus croustillantes que jamais à la télévision française paraît si déplacé ! Une telle expérience nous apprend vraiment sur le monde extérieur. Notre monde. La fragilité et la détresse de certaines familles. L’immoralité de d’autres qui viennent ici pour les utiliser et leur donner de faux espoirs. La Roumaine est si près de chez nous et en même temps tellement éloignée ! C’est simple d’aller jouer avec les enfants. On se sent tellement bien en revenant ! D’avoir pu leur offrir un sourire.

Je tiens à vous remercier particulièrement Francine. Merci de nous accueillir comme votre famille, de nous faire partager ce pays, de nous montrer tous ces beaux paysages, de nous raconter toutes vos histoires, leurs histoires, sans vous lasser. Merci pour les deux allers-retours à Deva à cause des 8h30 de retard et pour ce merveilleux fromage français! Merci pour eux.

 

Mercredi 26 juillet 2006
9h20, on entend le train klaxonner. Pour une fois qu’il est à l’heure, il nous a bien eues !! Nous courrons un peu pour ne pas le rater. Bouclette nous attend. C’est une très grande amie de Francine qui fait l’animation avec nous à l’école de Brad. Après 10 minutes de train et 30 minutes de marche dans Brad, nous arrivons à l’école. Le bâtiment est triste mais à l’intérieur, une classe est le paradis des enfants.

Lorsque nous arrivons, quatre petites nous attendent déjà. Tous les matins, elles sont premières. Le temps de finir de préparer nos activités, elles patientent avec des feutres et une feuille, assises sagement à leur table. Nous essayons pour chaque animation que les plus grands (14-15ans) ne s’ennuient pas et que les plus petits (5-6ans) parviennent à obtenir un résultat.

Le premier jour, nous avons fait des fleurs en papier. Visiblement, les enfants avaient peur que cela soit trop dur pour eux. Mais lorsque Simona a terminé sa première fleur, cela a fait comme un moteur pour les autres. Ils ont vu que c’était possible à faire. Puis des bouquets de fleurs sont arrivés ! Nicoleta était très fière de son bouquet qu’elle déplaçait avec beaucoup de précaution !

Nous avons également proposé le traditionnel scoubidou. Des normaux ou des plus difficiles pour changer ! Cela leur a beaucoup plu. Ioana a réussi à faire le sien entièrement. Cela lui a pris beaucoup de temps. A chaque rang, elle venait me voir pour que je lui dise si c’était bien ou non. Mais à la fin, elle admirait son travail ! Le plus touchant c’est qu’elle l’a tout de suite donné à Francine. Alina en a fait plusieurs et des plus compliqués. Elle était fière également d’avoir fait quelque chose de difficile ! Notre but était donc atteint ! Eux comme nous sommes toujours heureux de voir qu’ils sont fiers de leur résultat. Surtout lorsqu’ils ont eu des difficultés !
Le jour des perles, Ioana est parvenue à faire un bracelet à motif régulier. Nous sommes vraiment fiers d’elle car elle a du mal à faire les choses. Bogdan était vraiment drôle ce jour là. Il a fait un bracelet difficile. De temps en temps, il venait pour voir la taille de notre poignet. Il a dit : « si ça vous va, ça ira à ma tante. C’est pour elle » puis quand il eut terminé, il revient me voir. « J’ai deux tantes, il faut donc que je fasse deux bracelets !».

Nous voulions aussi faire de la peinture. En guise de blouse (obligatoire !) nous avons improvisé la nouvelle mode de la robe-sac-poubelle ! Le résultat leur a tellement plu que même ceux qui n’étaient pas intéressés par la peinture, demandaient leur déguisement. Ana Maria ne voulait plus la retirer une fois l’activité terminée !
Les enfants sont très attachants. Filles comme garçons, ils sont tous toujours partants pour tout. Tout ce que l’on prépare donne un résultat meilleur que ce qu’on imaginait. De se dire que dans leur petite vie d’enfants ils ont déjà eu la part de malheur d’une vie entière est très touchant. Ils apportent pourtant tellement de bonne humeur et de joie dans cette école!

Lorsque nous sommes arrivées avec des masques d’animaux, ils ont tout de suite adoré ! Tout le monde a choisi l’oiseau. Ils ont revêtu leur blouse-sac-poubelle et ont commencé. Le plus épatant est de se dire que les enfants sont restés concentrés sur leur masque pendant presque 3h. Les masques terminés étaient vraiment très beaux. Tous très colorés. Et ils ont également fait la couronne de plumes qui va avec ! Pendant presque une semaine, les enfants se promenaient de temps en temps avec leur masque. Dès que Ionut l’enfile, il imite le monstre !

Quand nous avons fait les marionnettes, c’est là qu’ils ont vraiment fait preuve d’imagination. Nous avons juste fait un modèle de loin pour qu’ils voient un résultat. Ioana a fait une fille aux cheveux verts. Je crois qu’elle était contente de jouer avec. Simona et Nicoleta, toujours toutes les deux, ont fait une robe de princesse jaune et rose, les cheveux blonds, tressés ! Ionut l’a faite rapidement au feutre et a joué avec ensuite !
Notre préparation d’aujourd’hui était beaucoup plus calme. Nous avons découpé des feuilles d’arbres de différentes couleur pour créer des animaux en mosaïque. C’était très méticuleux et chacun à joué le jeu. Gabby, le petit frère de Ioana, a fait un dessin vraiment épatant. Toutes les œuvres d’art sont affichées dans la classe.

Le plus drôle avec eux, c’est l’appareil photo. Tout le monde veut prendre une photo, tout le monde veut être pris en photo et dès qu’elle est prise, tout le groupe file autour de l’appareil pour voir l’image, se retrouver.
Régulièrement, un enfant vient près de nous, réclame un câlin, quelques secondes pas plus ! Puis repart jouer !
Le temps, comme chaque jour passe très vite. Ils est déjà l’heure pour les enfants de rentrer chez eux. Ana Maria est toujours la dernière à partir. Elle se cache dans l’école pour rester un peu plus et sortir avec nous. Nous lui disons à demain !

Laureline, le 26.07.2006