Association Casa de Copii

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Baziège

La page de Hélène 2009
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Hélène
Ce séjour roumain m’a permis de découvrir le pays de l’intérieur. Il ne s’agit plus d’une simple visite touristique mais d’une immersion totale dans le pays.

Nous avons ainsi pu rencontrer des Roumains et se rendre compte de leur hospitalité et générosité. A l’aéroport, un Roumain vivant à Strasbourg depuis 20 ans, nous a gentiment proposé de nous amener dans le centre de Cluj et nous a même expliqué comment prononcer les mots Roumains. Un autre Roumain à l’aéroport, nous a donné son adresse au cas où nous irions dans le nord du pays. Ensuite, Emmanuelle et moi avons été hébergées à Cluj par un ami de Francine, Virgile, un professeur d’université de philosophie. Celui-ci nous a très bien accueillies alors que l’hébergement n’était pas prévu… J’ai été très surprise par cette spontanéité, loin d’être évidente en France.

Dès le lendemain de notre atterrissage, après un long voyage en bus, nous arrivons à destination, à Baia de Cris, un joli village perdu dans la campagne Roumaine. Dès lors, nous pouvons nous rendre compte du premier aspect de l’association. Nous sommes aussitôt plongées dans la souffrance des familles parrainées. En effet, nous avons été amenées par Francine dans un squat dans lequel vit une famille. Celui-ci est composé d’une unique pièce sans sanitaire. La détresse de Bella, la mère de famille, est facilement palpable même si la langue nous est encore étrangère. Ses pleurs en disent longs. Elle n’a pas mangé depuis 3 jours et nous confie qu’elle n’ose pas sortir aux toilettes le soir de peur de se faire violer. Nous apprenons également que sa fille ne vit plus avec elle mais avec sa grand-mère. La relation mère-fille n’existe pas vraiment.
Par la suite, nous avons rendu visite à une jeune étudiante, Dana, également parrainée par l’association, qui prend des cours à distance pour pouvoir rester avec son père malade.
De nombreuses histoires évoquées par Francine sont surprenantes voire incroyables et me paraissent à mille lieues de ma vie. Les difficultés que peuvent rencontrer les familles nous font prendre du recul sur nous-mêmes. Les conditions de vie sont souvent déplorables et demandent beaucoup de courage. Toutes ces histoires nous montrent un aspect plus caché et plus profond du pays qui n’est pas affiché sur les dépliants touristiques...

Nous avons également rapidement découvert le deuxième axe de l’association : les enfants. Nous partons du lundi au jeudi, en train avec Melle Bouclette en direction de l’école. Nous faisons progressivement connaissance avec les enfants de la Casa de Copii et de la cité. Chaque jour, nous essayons de mettre en place des activités manuelles ou artistiques et des jeux d’extérieur. Le contact avec les enfants est facile à établir. Par exemple, j’ai eu droit à un cours de géographie sur la Roumanie par un enfant de 15 ans parlant français et une petite fille m’a appris l’alphabet roumain. Les enfants sont très attachants et affectueux.
Entre eux, les enfants de la Casa de Copii s’entraident bien, les plus grands veillent sur les plus petits.
Cependant, la plupart des enfants se lassent rapidement des animations, ils ont l’habitude de se gérer eux- mêmes, ils entrent et sortent à leur guise. Les règles ne sont pas toujours respectées. Ce n’est pas évident de créer une activité qui intéresse tous les enfants, les âges étant très étendus.
Pour moi, l’activité qui a le plus captivé les enfants et fédéré le groupe est la musique. Nous avons chanté, accompagné par Marie à la guitare, des chants français. Puis, les enfants ont repris en chœur les refrains. A leur tour, Melle Bouclette et les enfants ont entamé des chants roumains a capella. Un réel échange à travers la musique a eu lieu.
La barrière de la langue n’est pas véritablement un obstacle. Nous arrivons à comprendre l’essentiel et à se faire comprendre. Une petite fille, Nicoletta, parlant très bien l’espagnol, facilite la communication et traduit en cas de problèmes.

Francine et Melle Bouclette nous transmettent aussi leurs connaissances du pays, leurs constats.
Elles nous racontent par exemple l’histoire de la Roumanie pendant Ceausescu et après ou le problème des minorités, la discrimination envers les Tsiganes ou les tensions avec les Hongrois...
Le soir de notre arrivée, nous avons visionné une cassette concernant les orphelinats en Roumanie il y a une dizaine d’années. Cette cassette est relativement dure à regarder. Les conditions de vie de l’époque sont complètement déplorables. Les enfants sont assimilés à des animaux. Aucun éveil n’est possible dans ces conditions. Lorsque nous nous sommes rendues à la nouvelle maison de placement, nous avons pu remarquer les progrès accomplis pendant la dernière décennie. La solidarité et l’obstination ont porté leurs fruits.

Par ailleurs, chez Francine, une vie familiale s’instaure rapidement. Les tâches ménagères sont partagées entre tous les jeunes bénévoles. Chacun doit mettre du sien afin que l’entente soit la meilleure possible, la vie en groupe n’étant pas toujours évidente.
Ce voyage m’a permis de ce fait de rencontrer d’autres jeunes d’environ mon âge d’horizons différents. Nous partageons nos expériences. Nous tissons des liens au fur et à mesure. L’ambiance de groupe est bonne, celui-ci est bien soudé.
Durant le séjour, nous avons également sympathisé avec les jeunes Roumains du village. Nous communiquons en plusieurs langues : anglais, roumain, français, espagnol. Le mot Europe prend tout son sens ici !

Durant les week-ends, Francine nous emmène faire des visites. Le côté touristique est ainsi mis en avant, cela permet de couper avec le reste de la semaine.
Le premier week-end, nous sommes tout d’abord allées au monastère de Prislop. Il s’agit d’un monastère orthodoxe perdu au milieu de nulle part. Le cadre est magnifique et permet de nous ressourcer. Nous avons également vu le château d’Hunedoara ainsi que les maisons tsiganes qui sont de véritables maisons de poupées.
Puis, le deuxième week-end, nous sommes parties en excursion plus à l’Ouest du pays. Nous avons ainsi traversé trois jolies villes : Sibiu, Brasov et Sighisoara. Elles contrastent avec la morosité des villes précédemment traversées telles que Deva et Brad qui sont typiques de Ceausescu. Les immeubles sont alors colorés et ne sont plus des immeubles aux lignes bien droites et aux murs délabrés. De grandes places sont au cœur des 2 premières villes. Durant cette escapade, nous avons logé chez l’habitant. Il s’agit en fait d’une association pour développer le tourisme rural. L’endroit était vraiment merveilleux, très chaleureux.

D’un point de vue plus personnel, j’ai particulièrement été marquée par le repas chez Point cœur. Je ne connaissais pas cette association. J’ai été épatée par leur dévotion. Tout quitter pendant plusieurs mois pour se consacrer à ceux qui en ont besoin est très courageux.

Je garderai un profond souvenir de ce séjour roumain et encourage de nouveaux jeunes à devenir bénévoles afin de partir à la découverte de ce pays aux nombreux contrastes. Une excellente expérience humaine à partager en perspective… avec ses bons moments et ses difficultés.

Hélène.