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Hélène |
Ce séjour roumain m’a permis de
découvrir le pays de l’intérieur. Il ne s’agit plus d’une simple
visite touristique mais d’une immersion totale dans le pays.
Nous avons ainsi pu rencontrer des Roumains
et se rendre compte de leur hospitalité et générosité. A
l’aéroport, un Roumain vivant à Strasbourg depuis 20 ans, nous a
gentiment proposé de nous amener dans le centre de Cluj et nous
a même expliqué comment prononcer les mots Roumains. Un autre
Roumain à l’aéroport, nous a donné son adresse au cas où nous
irions dans le nord du pays. Ensuite, Emmanuelle et moi avons
été hébergées à Cluj par un ami de Francine, Virgile, un
professeur d’université de philosophie. Celui-ci nous a très
bien accueillies alors que l’hébergement n’était pas prévu… J’ai
été très surprise par cette spontanéité, loin d’être évidente en
France.
Dès le lendemain de notre atterrissage,
après un long voyage en bus, nous arrivons à destination, à Baia
de Cris, un joli village perdu dans la campagne Roumaine. Dès
lors, nous pouvons nous rendre compte du premier aspect de
l’association. Nous sommes aussitôt plongées dans la souffrance
des familles parrainées. En effet, nous avons été amenées par
Francine dans un squat dans lequel vit une famille. Celui-ci est
composé d’une unique pièce sans sanitaire. La détresse de Bella,
la mère de famille, est facilement palpable même si la langue
nous est encore étrangère. Ses pleurs en disent longs. Elle n’a
pas mangé depuis 3 jours et nous confie qu’elle n’ose pas sortir
aux toilettes le soir de peur de se faire violer. Nous apprenons
également que sa fille ne vit plus avec elle mais avec sa
grand-mère. La relation mère-fille n’existe pas vraiment.
Par la suite, nous avons
rendu visite à une jeune étudiante, Dana, également parrainée
par l’association, qui prend des cours à distance pour pouvoir
rester avec son père malade.
De nombreuses histoires évoquées par
Francine sont surprenantes voire incroyables et me paraissent à
mille lieues de ma vie. Les difficultés que peuvent rencontrer
les familles nous font prendre du recul sur nous-mêmes. Les
conditions de vie sont souvent déplorables et demandent beaucoup
de courage. Toutes ces histoires nous montrent un aspect plus
caché et plus profond du pays qui n’est pas affiché sur les
dépliants touristiques...
Nous avons également
rapidement découvert le deuxième axe de l’association : les
enfants. Nous partons du lundi au jeudi, en train avec Melle
Bouclette en direction de l’école. Nous faisons progressivement
connaissance avec les enfants de la Casa de Copii et de la cité.
Chaque jour, nous essayons de mettre en place des activités
manuelles ou artistiques et des jeux d’extérieur. Le contact
avec les enfants est facile à établir. Par exemple, j’ai eu
droit à un cours de géographie sur la Roumanie par un enfant de
15 ans parlant français et une petite fille m’a appris
l’alphabet roumain. Les enfants sont très attachants et
affectueux. Entre
eux, les enfants de la Casa de Copii s’entraident bien, les plus
grands veillent sur les plus petits.
Cependant, la plupart des enfants se
lassent rapidement des animations, ils ont l’habitude de se
gérer eux- mêmes, ils entrent et sortent à leur guise. Les
règles ne sont pas toujours respectées. Ce n’est pas évident de
créer une activité qui intéresse tous les enfants, les âges
étant très étendus.
Pour moi, l’activité qui a le plus captivé
les enfants et fédéré le groupe est la musique. Nous avons
chanté, accompagné par Marie à la guitare, des chants français.
Puis, les enfants ont repris en chœur les refrains. A leur tour,
Melle Bouclette et les enfants ont entamé des chants roumains a
capella. Un réel échange à travers la musique a eu lieu.
La barrière de la langue
n’est pas véritablement un obstacle. Nous arrivons à comprendre
l’essentiel et à se faire comprendre. Une petite fille,
Nicoletta, parlant très bien l’espagnol, facilite la
communication et traduit en cas de problèmes.
Francine et Melle
Bouclette nous transmettent aussi leurs connaissances du pays,
leurs constats.
Elles nous racontent par exemple l’histoire de la Roumanie
pendant Ceausescu et après ou le problème des minorités, la
discrimination envers les Tsiganes ou les tensions avec les
Hongrois... Le
soir de notre arrivée, nous avons visionné une cassette
concernant les orphelinats en Roumanie il y a une dizaine
d’années. Cette cassette est relativement dure à regarder. Les
conditions de vie de l’époque sont complètement déplorables. Les
enfants sont assimilés à des animaux. Aucun éveil n’est possible
dans ces conditions. Lorsque nous nous sommes rendues à la
nouvelle maison de placement, nous avons pu remarquer les
progrès accomplis pendant la dernière décennie. La solidarité et
l’obstination ont porté leurs fruits.
Par ailleurs, chez
Francine, une vie familiale s’instaure rapidement. Les tâches
ménagères sont partagées entre tous les jeunes bénévoles. Chacun
doit mettre du sien afin que l’entente soit la meilleure
possible, la vie en groupe n’étant pas toujours évidente.
Ce voyage m’a permis de ce fait de
rencontrer d’autres jeunes d’environ mon âge d’horizons
différents. Nous partageons nos expériences. Nous tissons des
liens au fur et à mesure. L’ambiance de groupe est bonne,
celui-ci est bien soudé.
Durant le séjour, nous avons également
sympathisé avec les jeunes Roumains du village. Nous
communiquons en plusieurs langues : anglais, roumain, français,
espagnol. Le mot Europe prend tout son sens ici !
Durant les week-ends,
Francine nous emmène faire des visites. Le côté touristique est
ainsi mis en avant, cela permet de couper avec le reste de la
semaine. Le
premier week-end, nous sommes tout d’abord allées au monastère
de Prislop. Il s’agit d’un monastère orthodoxe perdu au milieu
de nulle part. Le cadre est magnifique et permet de nous
ressourcer. Nous avons également vu le château d’Hunedoara ainsi
que les maisons tsiganes qui sont de véritables maisons de
poupées. Puis, le
deuxième week-end, nous sommes parties en excursion plus à
l’Ouest du pays. Nous avons ainsi traversé trois jolies villes :
Sibiu, Brasov et Sighisoara. Elles contrastent avec la morosité
des villes précédemment traversées telles que Deva et Brad qui
sont typiques de Ceausescu. Les immeubles sont alors colorés et
ne sont plus des immeubles aux lignes bien droites et aux murs
délabrés. De grandes places sont au cœur des 2 premières villes.
Durant cette escapade, nous avons logé chez l’habitant. Il
s’agit en fait d’une association pour développer le tourisme
rural. L’endroit était vraiment merveilleux, très chaleureux.
D’un point de vue plus
personnel, j’ai particulièrement été marquée par le repas chez
Point cœur. Je ne connaissais pas cette association. J’ai été
épatée par leur dévotion. Tout quitter pendant plusieurs mois
pour se consacrer à ceux qui en ont besoin est très courageux.
Je garderai un profond souvenir de ce
séjour roumain et encourage de nouveaux jeunes à devenir
bénévoles afin de partir à la découverte de ce pays aux nombreux
contrastes. Une excellente expérience humaine à partager en
perspective… avec ses bons moments et ses difficultés.
Hélène. |
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