La route qui mène au col de Prislop est pleine
d'attraits : au départ nous traversons des villages dont les maisons
sont toutes plus belles les unes que les autres mais pour que vous
puissiez vous en rendre compte, il faudra regarder les photos à mon
retour. Nous longeons une rivière dans un secteur très boisé qui est
exploité : Francine m'explique que le bois est parfois descendu sur
l'eau.
Un peu avant le col et en pleine montagne je prends le
plus discrètement possible une photo d'un camp de tzigane en pleine
forêt (la photo sera très mauvaise car j'ai trop peur de me faire
repérer et me sent un peu mal à l'aise de la prendre) : les abris
consistent en 4 piquets recouverts de bâches en plastique. Ce sont des
tziganes ramasseurs de champignons. Certains tentent de les vendre au
bord de la route mais nous pouvons voir au col une camionnette venue
pour les collecter, certainement pour les vendre en ville. Autre témoin
de la présence de ces tziganes, et çà c'est Francine qui le sait, toutes
les glissières en aluminium installées pour éviter des sorties de route
dans le précipice ont disparu, ne laissant plus que les moignons sur
lesquels elles étaient fixées... Le métal se vend très bien à l'heure
actuelle...
Au col, il y a devinez quoi? Je vais vous le dire :
un monastère et non des plus petits... Notre pope est invité à venir le
visiter en notre compagnie : il finit par venir mais ne se montre pas
très emballé sur le moment...Il accepte finalement! C'est la seconde
fois que nous le prions de nous suivre : mais qu'a-t-il donc? Ce col a
un petit air de Col de Jau avec ses vaches pour ceux qui connaissent à
part qu'il y a un monastère et des tziganes qui vendent des champignons.
Nous n'allons pas tarder à débarquer notre passager (non sans qu'il
nous ait donné quelques babioles : un magnet avec la photo de son
monastère, un élastique noir à porter en bracelet) et redescendons vers
la vallée. En chemin nous pouvons admirer une très belle église en bois,
entrevoir une ménagère en train de laver son linge dans la rivière, un
ramasseur de pommes, puis sans transition, changeons d'époque pour
trouver sur des kilomètres et des kilomètres de cette zone montagneuse,
de belles grandes et cossues maisons fraîchement construites ou en
construction côtoyant des habitations pauvres ou traditionnelles...
Maisons vides ou seulement habitées par une ou deux personnes âgées. De
quoi s'agit-il encore?
Cette apparente prospérité cache une
réalité sociale qui n'est pas forcément des plus faciles pour les
propriétaires de ces villas repartis en cette fin d'été travailler en
Italie, et exerçant parfois des professions qui ne sont pas des plus
valorisantes dans ce pays. Cela implique dans certains cas de gros
sacrifices tels des séparations familiales, l'éloignement de son pays,
l'obligation d'aider sa famille restée sur place et peut-être le manque
de considération des ressortissants du pays qui vous accueille? Les
maisons resteront vides ou habitées seulement par les grands-parents
jusqu'à Noël. Ce que nous ignorons, ce sont les conditions de logement
dont bénéficient ces heureux propriétaires tout le reste de l'année.
Nous nous dirigeons vers Vadu Izei et ne tardons pas à voir de plus
en plus de personnes en costumes traditionnels dont des femmes en
foulard entièrement vêtues de noir (à partir d'un certain âge le deuil
se porte jusqu'à la mort). Un certain âge? Le mien si ça se trouve... A
côté de cela, les jeunes ressemblent à s'y méprendre à ceux que nous
avons à la maison (même tenues, mêmes portables greffés à l'oreille).
Je visite en passant dans un petit village un tout petit musée de
l'homme qui rend compte de la tradition, des symboles et des vieux
métiers : déjà du folklore ou encore du présent... C'est bien là, le
tango de la Roumanie... Les situations extrêmes qui se heurtent, les
changement exponentiels d'un côté et l'immuable de l'autre, parfois au
même endroit dans la même famille. Et dans la tête des gens?
Nous
prenons un petit café et rencontrons Mariana, une jeune Roumaine qui en
est propriétaire avec son jeune mari. Marianna a passé quelques années à
Paris chez des personnes qui l'employaient pour s'occuper de leurs
enfants. Elle a finalement décidé de se marier avec un roumain et attend
un enfant. L'on sent fortement que le choix s'est fait dans ce sens,
mais qu'il ne coulait pas forcément de source (ce pays comptait environ
20 millions d'habitants. D'après les informations que j'ai pu glaner au
moins deux millions de ses ressortissants vivraient actuellement dans
divers pays d'Europe mais aussi pour les plus qualifiés au Canada).
Nous visitons le monastère de Barsana (les monastères qui ont fleuri
et continuent de fleurir dans toute la Roumanie sont en général
orthodoxe : ils sont apparemment financés par des dons de provenance
variée). La mère supérieure avec son camembert noir sur la tête passe
dans l'enceinte dans une Mercédès à vitres fumées ce qui ne laisse pas
d'étonner le visiteur... Cela étant, il faut admirer le merveilleux
travail du bois qui a été effectué dans chacun des édifices (église,
hôtellerie, musée).
Nous sommes dans les maramures, où des
villages magnifiques se succèdent avec leur réputés portails en bois
sculpté. (il faudra regarder les photos). Un petit bémol : on a parfois
laissé se construire des maisons avec des portails métalliques
clinquants bling bling à côté de ces merveilles... Tout va un peu trop
vite ici peut-être...
17h50 : nous arrivons à Sighetu. Suite
demain.
Monique
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