16 septembre.... C'est la rentrée et nous avons
l'honneur et le privilège d'être conviées à la fête d'ouverture de
l'école. En route pour Brad, nous voyons de nombreux enfants avec leur
mère s'acheminer vers leur école avec un bouquet de fleurs.
Ce
que je vais tenter de vous décrire n'est pas une fête de rentrée dans
une école privée. Dans chaque établissement scolaire de toute la
Roumanie, l'on écoutera l'hymne national et l'école sera bénie par un
pope. Chaque école aura à son programme un cour d'enseignement religieux
orthodoxe puisqu'il s'agit de la religion d'état.
Hier, j'ai fait
une visite à Rudica, institutrice, qui m'a expliqué qu'il pouvait se
trouver dans une école des enfants d'une autre confession : s'ils sont
au nombre de 10 au moins dans une classe, ils peuvent bénéficier d'un
professeur de théologie de sa religion (catholique par exemple). Dans le
cas contraire, ils suivront si leurs parents le souhaitent
l'enseignement orthodoxe. Sinon, l'école sera alors obligée de leur
proposer une autre activité. Il n'y a donc pas de séparation entre
l'église et l'état et vous allez voir que cette fête que je vais vous
relater est vraiment un joyeux mélange de beaucoup de choses,
illustration parfaite de la vie de tous les jours dans ce pays.
Rudica pour sa part considère que la religion à l'école est une très
bonne chose dans la mesure où les enfants ne craignant plus ni leurs
parents, ni leur enseignants ont encore la possibilité de craindre un
peu Dieu... C'est une raison qu'elle me donne à moi parce que je suis
Française mais de toute manière la présence de la religion dans la vie
quotidienne en Roumanie est quelque chose qui semble aller de soi.
Notre laïcité est incompréhensible à la plupart des roumains
d'aujourd'hui (sous le régime communiste il y a eu beaucoup d'actes de
résistance de la part des religieux. Certains sont aujourd'hui élevés au
rang de saint pour le martyr qu'ils ont subi. La religion a d'ailleurs
été maintenue sous le communisme même si les cultes faisaient l'objet
d'une grande surveillance et si certains étaient interdits (prédication
soumise à la censure. Installation de micros chez certains
ecclésiastiques. Persécutions des religieux jugés dangereux pour le
régime pour ne garder que les plus conciliants...).
C'est
l'heure. De la musique (musique moderne en espagnol sortant d'un
haut-parleur) nous parvient lorsque nous nous approchons de la cour de
récréation de la scoala mare (grande école qui va de la classe 0 à la
8ème classe) de Brad.
Les maîtresses et les professeurs sont sur
leur 31 comme si elles se rendaient à une grande réception. Plusieurs
viennent saluer Francine ainsi que l'épouse du pope, à la fois mère de
deux élèves et professeur de théologie. Les enfants et les parents déjà
tous groupés sur les trois côtés de la cour ont également revêtu leurs
habits de fête. Parmi ces enfants, l'on remarque des petites filles
tziganes avec une fleur dans les cheveux. Presque tous ont amené un
bouquet de fleurs et ont un air un peu solennel même si quelques plus
grands à l'arrière sont un peu moins disciplinés (rappelés à l'ordre par
doamna Francine).
Le protocole de la fête va commencer. Déjà
trois popes sont installés sur le petit podium à l'entrée de l'école,
derrière eux sur l'escalier, de nombreuses personnes qui prendront les
unes après les autres la paroles.
D'abord l'hymne national écouté
dans le plus grand respect.
Directement derrière, l'un des pope
prend la parole et commence à officier : c'est un te deum avec à la
suite une lecture particulière réservée à cette occasion de la rentrée
des classes. En substance, l'on souhaite aux enfants et aux enseignants
une année fructueuse en faisant appel à l'aide de Dieu. Le Pope procède
alors à la bénédiction des lieux et des personnes.
Vient ensuite
la lecture du message du patriarche Daniel (l'autorité religieuse
orthodoxe en Roumanie) qui rappelle combien les valeurs transmises par
la religion sont importantes pour l'enfant qui grandit dans un monde
matérialiste peu porteur de spiritualité et d'humanisme... D'après lui
l'être humain a besoin de cette nourriture spirituelle pour pouvoir se
construire. Enfin c'est très synthétique et n'oubliez pas que je suis
toujours en phase d'apprentissage du Roumain, même si mon séjour touche
à sa fin. Le pope avait une bonne élocution, heureusement pour moi...
La Directrice de l'école prend la parole remerciant toute une série
d'institutions et de personnes : la mairie, le département, Doamna
FRANCINE (qui a créé avec les fonds de l'association "Casa de copii" le
soutien scolaire pour les enfants des familles les plus défavorisées.
Ce soutien est assuré par les instituteurs respectifs des enfants
concernés. Cela fait 13 ans que cette action est menée et porte ses
fruits puisque certains de ces enfants font aujourd'hui des études
supérieures brillantes), d'autres que j'oublie, et plus étrange à nos
yeux, les sponsors dont le rotary club... Ces sponsors sont le plus
souvent sollicités pour obtenir du mobilier scolaire ou l'amélioration
des bâtiments. L'état se fait toujours beaucoup prier en de nombreux
domaines et celui-ci n'y échappe pas...
Par ordre, nous avons
ensuite le député, l'adjoint au Maire, l'inspectrice d'académie, la
Directrice adjointe de l'école qui font leur petit laïus. Pour finir et
c'est assez rigolo, deux jeunes de la huitième classe honore chaque
professeur en nous lisant un petit texte un peu humoristique à leur
sujet. (ex : le professeur de math qui vous invite à jouer au détective
pour venir à bout des mystères d'une équation...)
Les enfants de
la classe 0 sont appelés à rejoindre chacun leur maîtresse et
s'approchent d'elle avec timidité. La fête se termine ainsi. Il ne reste
plus maintenant qu'à se mettre au travail mais ce sera demain car les
enfants seront libérés aujourd'hui vers onze heures.
J'espère
vous avoir bien divertis avec ma petite fête de la rentrée. Bisou.
Momo |