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Baziège

La terrasse
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Le petit journal de Monique - Roumanie 2013
    La santé La vallée sans nom
La terrasse.
 
Trop tard pour aller déjeuner à la maison comme cela était prévu... Georges, avec son charisme de conférencier nous a plombé l'emploi du temps.

Qu'à cela ne tienne... La Française qui ne ressemble pas à une française dans les yeux des roumains qui ont le culte de l'extérieur et le cliché facile, ne se laisse jamais prendre au dépourvu... Puisque nous avons rendez-vous dans une demi-heure à la terrasse, pourquoi ne pas aussi y manger?

Je vous le dis, à sa manière c'est une vraie business-woman...

Enfin... je vais pouvoir m'asseoir à cette terrasse (baptisée la terrasse) devant laquelle nous passons si souvent et dont on m'a tant dit de mal... A première vue une terrasse de café qui a la particularité d'être toujours blindée de clients (des hommes surtout) à toute heure de la journée... Si ça se trouve, c'est une terrasse ordinaire dans une ville où il y a un maximum de chômage donc beaucoup de gens qui ont du temps à perdre et pas beaucoup d'argent à dépenser...

Détrompez vous, ce serait selon Bouclette et Francine un lieu stratégique pour toutes sortes de trafics... peut-être un chic endroit pour s'enrichir... Qui sait ? Quelle sorte de trafic ? Je n'en ai pas la moindre idée. De drogue je ne crois pas : ce mal ne semble pas encore très présent, du moins pas, ou très peu à la campagne... L'alcool semble encore suffire (et l'on ne s'en prive pas...).
Trafic d'or, alors, d'uranium, peut-être...  Là, j'invente sachant que ces richesses sont bien présentes dans ce pays pauvrissime. 
J'ai beau balayer d'un regard distrait les gens installés à des tables autour de la nôtre, pas le moindre indice allant dans le sens de la présence d'une quelconque activité hors des clous... Ce n'est peut-être pas l'heure où l'on se livre à des transactions douteuses... Ou alors mon air distrait ne trompe que moi même ?

Notre petit groupe passe commande et ce qui vient sur la table est plutôt pas mal dans le rapport qualité prix...(on peut bien être un QG de bandits et savoir cuisiner, non?). Un soleil généreux  accompagne avantageusement notre repas...

Mais voici Antonio que je vous ai déjà présenté (rappelez vous de sa bunica qui surgit de sa cuisine plus rapide que son ombre, et met la table avant que vous n'ayez eu le temps d'émettre la moindre protestation. Antonio,  futur pope écrivain). Puis, Paul un peu plus jeune que vous ne connaissez pas encore. Ils se sont tous deux avancés à notre table dans le soleil éclatant de septembre, bien vêtus, souriants, magnifique jeunesse...
Porteur de l'espoir que leur parrain ou marraine ont mis en eux sans les connaître ? Ce sont à n'en point douter deux jeunes gens dont l'intelligence mérite le soutien matériel qui lui permettra de s'épanouir... Intelligence d'autant plus valeureuse qu'elle se sera développée, sur le terreau de la vache enragée.

Jeunes gens, puissiez vous atteindre votre objectif de réussite sans que jamais vous n'en soyez réduits à renier vos origines... Luttez pour que ça n'arrive pas, même si un jour votre compagne ou votre nouvel entourage vous invite à tourner le dos au monde dont vous êtes issus. Cela ne vous rendrait pas heureux... Soyez plutôt les témoins de ce qui est possible, quand cela paraissait incroyable, et vous serez peut-être un jour les acteurs du recul de cette pauvreté inadmissible.

En les voyant, c'est ce que j'aurais envie de leur dire, à supposer qu'ils se maintiennent dans ce désir de réussir qu'ils expriment auprès de leurs bienfaiteurs. Il y a trop de gens qui passent de l'autre côté de la barrière et laissent à l'endroit d'où ils ont sauté une grande partie d'eux même à jamais perdue... pour leur plus grand malheur.

A ce stade du début de leurs études, ils auront encore grand besoin de force...
Antonio vous le savez, parce qu'il a une grand-mère qui le pleure et dont la santé risque de décliner... Croisons les doigts pour qu'elle puisse se soigner et bien vivre... encore longtemps.

Quant à Paul, c'est un garçon très courageux dont les parents endettés et perclus de toutes sortes de problèmes ne lui sont d'aucune aide et n'auront de cesse de lui enfoncer dans le crâne que la loi de la pesanteur est plus forte que celle qui voudrait que l'on puisse s'élever élégamment dans le ciel azur...
Il loue sa force de travail dans les champs pour pouvoir s'acheter des vêtements.
Personne d'autre que lui-même, à des lieues à la ronde (à part peut-être dumnezeu et la marraine de Machecoul), pour l'aider à trouver sa voie...

Je n'en dis pas plus. Nous aurons sûrement des nouvelles de ces deux étudiants dans l'année qui viendra. Notre belle journée s'est terminée par une soirée crêpes dans le garage de Francine. La soirée fut très sympathique et la rencontre avec ces personnes engagées de Machecoul des plus enrichissantes.

Demain dimanche, nous nous rendons à Hunedoara (je vous expliquerai pourquoi en chemin) et s'il fait beau nous aurons droit à un bon petit pique-nique puis à la visite d'un nouveau monastère.

Monique

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