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Le petit journal de Monique - Roumanie 2013 |
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Le retour
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Sighetu, cimetière de la joie |
Madame B. |
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Nous avons laissé Mme M. avec l'argent mensuel
que lui remet l'association, ses problèmes matériels et aussi les
métaphysiques et allons maintenant rejoindre Francine chez Mme B.
Mme B. est une jeune femme tzigane qui n'a pas 30 ans. Elle a un
mari et cinq enfants (l'aînée est élevée par sa mère). Nous arrivons à
sa petite maison qui se trouve au bout du quartier des blocs. Cette
petite maison comporte une pièce en rez-de-chaussée et un espace à
l'étage que la famille si nombreuse soit-elle n'occupe pas... L'on tient
peut-être là une spécificité culturelle, qui voudrait que les gens d'une
même famille veulent rester groupées dans la même pièce, quand ils
auraient la possibilité de se déployer un peu ?
Nous entrons et
saluons la maîtresse de maison, son petit dernier d'un an dans les
bras... Un enfant de même pas deux ans est tout sage assis sur le seul
lit en vue... Une odeur d'urine envahit la pièce... ces deux bébés n'ont
pas de couches. Sergio le plus petit pleure par intermittence... Il est
en train "de faire ses dents" et il a de la fièvre. Il n'y a pas de
doliprane. Francine me dira que certainement, en plus, il avait faim.
Sa mère nous dit que depuis un mois elle n'a pas d'argent pour payer le
lait. Elle donne de l'eau sucrée mais là, elle n'a même plus de sucre.
Les deux enfants plus grands traînent dans le quartier. En fait, je n'ai
jamais eu l'honneur de rencontrer ces bouts de chou qui ne sont pas bien
vieux alors que je suis venue au moins trois fois chez Mme B.
Dans cette maison, il n'y a rien, absolument rien... Pas de repas qui
mijote : ne rêvons pas. Et pourtant l'heure a tourné depuis ce matin et
c'est vraiment le moment où, dans les chaumières, l'on commence à
s'énerver sur un semblant de confection de repas.
Il n'y a qu'un
petit chiot qui ne se prive sans doute pas de faire pipi sur le tapis
ainsi que des chats...Et aussi l'amour évident de Mme B. pour ses petits
mais est-ce que çA va toujours suffire ?
Pourtant le mari de Mme
B. travaille... Mais n'est pas toujours payé et n'a pas de couverture
sociale : serait-il exploité et non déclaré que ça ne m'étonnerait pas.
Francine laisse une somme d'argent et quelques vivres à Mme B. Elle
ira aussi acheter des suppositoires de paracétamol... jusqu'à la
prochaine fois. Elle paie aussi le loyer de cette famille directement au
propriétaire et je crois, le soutien scolaire pour les deux grands ainsi
qu'à l'aînée qui vit chez la grand mère.
Je ne vous en dirai pas
plus sur cette situation car je ne suis pas arrivée à la comprendre.
J'en reste donc à cette pauvre description et au malaise que j'ai
ressenti à la vue de ces enfants dont les besoins les plus primaires ne
sont apparemment pas comblés, ou du moins pas toujours, et c'était ce
jour là un jour sans...
Pour moi, c'est un jour où je ne sais pas
quoi dire, sûrement à cause de ma formation d'assistante sociale en
France, où la notion de protection de l'enfance que j'ai intégrée, ne
peut probablement pas être rapportée à la Roumanie. En fait, je n'en
sais rien et je crois que c'est un débat qui pourrait occuper pendant
des années. Francine veille sur cette situation, c'est déjà pas mal...
Monique
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Sighetu, cimetière de la joie |
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