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Le petit journal de Monique - Roumanie 2013
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La santé, suite...
 
Il est maintenant 13 heures et je vis ma première rencontre avec doamna Lili, directrice du centre de placement. Je passe un peu vite car je vous en ai déjà parlé. Il est surtout question avec elle de la personne qui a démissionné et qu'il faut remplacer...
Mais doamna Lili parle comme une mitraillette : je comprends les mots mais ne parviens plus à faire l'assemblage à cette heure avancée de la matinée... J'ai comme une petite faim...

Nous nous rendons chez Mme Silasi qui pourrait peut-être postuler à ce poste. C'est une ex-enseignante psychologue à la retraite depuis peu, qui a besoin d'arrondir ses fins de mois. Elle nous reçoit dans un bel appartement qui se trouve dans un bloc pas tellement beau.

Cela fait trois secondes qu'on est là, que déjà, elle installe une nappe sur la table. Cà sent la saucisse et je commence à avoir vraiment l'estomac dans les talons (je ne suis pas encore très habituée aux horaires roumains). Francine et Bouclette n'ont pas l'air très d'accord pour qu'on s'installe...pourtant... Mais doamna Silasi a l'air beaucoup plus soucieuse de nous nourrir, qu'intéressée par notre offre d'emploi (elle a d'autres pistes qui semblent plus intéressantes, nous dit-elle). De toute façon, voici les assiettes, les saucisses et le reste. On n'y coupera pas, tant mieux, me dis-je... Je ne comprends toujours pas mes deux camarades qui ne font que grignoter du bout des dents alors que je ne me fais absolument pas prier pour déguster deux saucisses et une pomme...
Non sans l'avoir remerciée pour son accueil, nous prenons congé de notre excellente hôtesse (qui nous donnera sa réponse dans 4 jours pour l'offre d'emploi).

Et nous rendons dans un autre appartement situé dans un autre bloc... C'est l'appartement de Bunica d'Antonio (Bunica c'est grand mère en roumain mais comme il y des bunicas dans beaucoup de maisons il faut préciser à qui elles sont), une garçonnière, c'est à dire une grande pièce et une cuisine (bunica dort dans la cuisine).
Antonio est un jeune garçon de 18 ans soutenu par l'association de Francine depuis le début de sa scolarité. Son histoire familiale n'est pas des plus facile, puisque sa mère ne l'a pas élevé et qu'elle a eu depuis deux autres enfants desquels elle ne s'est pas séparée... Antonio a donc été élevé par un grand-père et une grand-mère (bunico et bunica) auprès desquels il a très bien grandi malgré une précarité matérielle atténuée par les aides de l'association de Francine (financière et soutien scolaire).

Il est l'un des jeunes qui ne peut qu'encourager Francine à poursuivre son action, car il vient d'obtenir brillamment son bac et part cette année à l'université à Alba lulia pour y faire des études de théologie (Antonio depuis qu'il est tout petit dit qu'il veut être pope et écrivain...). Ses études n'auraient pu être envisagées sans le soutien mensuel qu'il va recevoir grâce à un parrainage (100 euros par mois), car bunica n'a pour vivre qu'une toute petite pension... C'eut été fort dommage, étant données les capacités, ainsi que les qualités de gentillesse et d'amabilité de ce jeune homme.

14 heures : Bunica sort de sa cuisine l'air très affairée et installe une nappe sur la table... Je commence à comprendre mes petites camarades. Elles se doutaient que nous allions tomber dans un deuxième traquenard et elles se sont gardées une bonne petite place ... Elles ont bien raison, car, je ne sais comment se débrouille cette bunica qui a du mal à tenir debout, pour préparer de si bonnes choses (du caviar d'aubergines, des petites préparations de légumes, hmmm)... C'est franchement délicieux et tant pis si j'ai déjà mangé, je remange.

Antonio prépare sa rentrée. Son plaisir est assombri par le fait d'avoir à quitter sa grand-mère qui ne cesse de pleurer à l'idée de cette séparation. C'est vrai qu'ils sont très attachés l'un à l'autre. Le grand-père est mort il y a quelques années et maintenant Antonio était plus ou moins devenu un soutien pour sa bunica. Alba Lulia n'est pas à côté, les trajets sont chers, et il ne pourra pas revenir très souvent. Nul doute que de temps en temps Francine et Bouclette viendront s'installer pour déguster quelques petits plats et parler de l'absent avec cette pauvre femme malade. En attendant, elles lui dispensent des paroles réconfortantes.

C'est un peu triste que les projets d'Antonio ne puissent s'engager dans un sentiment de bonheur sans mélange. C'est je crois difficile pour un être humain, de s'élever de sa condition sociale, même quand matériellement cela est rendu possible. Il y faut du courage car le sentiment de culpabilité, voire de trahison à l'égard de son milieu d'origine n'est jamais bien loin.

Dès à présent Antonio est très préoccupé de l'état psychologique et physique de sa grand-mère, et il ressentira certainement la nécessité d'être régulièrement encouragé à mener à bien ses projets d'avenir, tout autant que d'être aidé financièrement. Francine sait combien il est important d'apporter ce soutien afin de déjouer une éventuelle conduite d'échec, (pas toujours très éloignée du désir de réussite). De la même façon, Bunica aura également besoin d'être accompagnée pour qu'à son niveau, le sentiment de fierté à l'égard de l'avenir prometteur de son petit fils, prime sur le sentiment de perte qu'elle éprouve.

La journée d'interventions sur le terrain prend fin. Ce fut très intense et à l'image de la Roumanie, très contrasté. Ca n'est pas forcément la fin de sa journée de travail de Francine puisqu'elle doit aussi faire des comptes, prendre des contacts pour préparer les journées suivantes et recevoir des appels de toutes parts. Au moins avons nous mangé plutôt deux fois qu'une, ce qui n'est pas toujours le cas, les journées se suivant et ne se ressemblant pas. Pe curînd.

Monique

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