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Le petit journal de Monique - Roumanie 2013 |
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La santé, suite...
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Un mariage |
Tremblement de terre |
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Les tziganes de l'immeuble aux chevaux ont été
expulsés de leur squat . Celui où ils ont été relogés n'a pas non plus
que des fenêtres avec carreaux. Il est donc aussi inhospitalier que le
premier sinon pire...
Un peu étourdis par la courte sieste post
prandiale que nous nous sommes accordés après le petit verre de vin rosé
de Joseph, et le soleil qui nous tape sur la tête, nous roulons sur une
petite route de montagne pour atteindre le monastère orthodoxe de
Prislop...(a 13 km du village de Hatzeg pour ceux qui veulent suivre sur
la carte). Francine annonce aux femmes en jean (dont je suis)
qu'elles vont devoir mettre des jupes... Je ne la crois pas bien mais
c'est pure vérité. A l'entrée du monastère nous pouvons choisir celle de
notre choix dans le tas de nippes mises à notre disposition. C'est
évidemment une bonne partie de rigolade entre nanas suivie d'une séance
photographique (un jour peut-être vous aurez la photo).
Tandis
que nous posons, affublées de nos improbables nouvelles jupes enfilées
par dessus les pantalons, des pèlerins affluent et refluent dans le
sens de la montée et de la descente. Détail intriguant de cette
progression croisée, tous ces fervents orthodoxes sont porteurs de pots
de plantes en fleurs.
Le souffle de l'esprit est pénétrant en ce
lieu magique de beauté et de paix... que nous pouvons maintenant aborder
selon les règles prescrites.
Nous entrons dans l'église. Cela
doit faire à peine une minute que nous y sommes, quand une terrible
explosion déchire le silence. Une bonne soeur orthodoxe qui s'abîmait
dans la prière se retourne tranquillement vers nous, l'air un peu
illuminée, pour nous annoncer : "Dieu est dans ces murs..." D'accord
chère sœur, pourquoi s'inquiéter ?
Nous sortons malgré tout.
Dieu n'est-il pas partout ? L'on entend dire "qu'ils font sauter la
roche dans la montagne avec de la dynamite". Ils, mais qui çà ? Les
orthodoxes ? Un dimanche ? A moins que ça ne soit une bande de
travailleurs mécréants venus de ces pays impies de l'Europe de l'ouest ?
En tout cas Bouclette est très sceptique. Moi aussi, çà paraît
bizarre...
Nous emboîtons le pas aux pèlerins porteurs de fleurs
pour nous joindre à leur magnifique procession en direction du
cimetière, cheminant lentement vers le haut de la colline, dans cet
écrin de verdure ombragé d'arbres séculaires. Parmi tous ces gens, des
jeunes, des moins jeunes, des enfants, des familles, une vieille dame à
moitié impotente mais extasiée, pour ainsi dire portée par les deux
personnes qui l'accompagnent.
Le recueillement de cette humanité
en marche est palpable au fur à mesure que nous progressons et nous
rapprochons de la tombe du père Boca.
Le père Arsenie BOCA est un
ecclésiastique orthodoxe qui est allé en prison plusieurs fois, fut
persécuté par la sécuritate, maintenu en résidence obligatoire
surveillée, du fait de son engagement et du soutien qu'il accorda à la
résistance anti-communiste... Il repose au monastère de Prislop et c'est
sur sa tombe que des milliers de pèlerins viennent se recueillir et
déposer des millions de fleurs.
Nous nous sommes positionnés dans
la file qui s'est formée pour approcher de la sépulture de ce défunt
élevé au rang de saint (il me semble, ou çà n'en est pas loin), quand de
nouveau une terrible détonation trouble le recueillement ambiant. Pour
ma part j'ai la nette impression que la terre fuit sous mes pieds. Ce
phénomène cesse aussi rapidement qu'il ne s'est manifesté. Aucun
commentaire cette fois. Les pèlerins stoïques (je me laisse portée par
ce stoïcisme), progressent vers la tombe, embrassent la croix, déposent
leurs fleurs pour se rendre un peu plus loin où ils peuvent emporter les
plantes qui ont commencé à se défraîchir pour les emporter. C'était
donc là l'explication de ce chassé-croisé de couleurs vives.
Nous
redescendons sans fleurs (puisque nous n'en n'avions pas amenées). En
bas Francine, qui nous attendait sur un banc nous explique qu'elle a
éprouvé la sensation d'être propulsée contre le mur quand la seconde
explosion a eu lieu. La dynamite de Roumanie est vraiment
surpuissante ou alors, il y a un petit malin qui a essayé de faire
sauter le monastère.
Le lendemain, Bouclette nous apprendra qu'un
tremblement de terre de magnitude 4,7 a bien eu lieu et que l'endroit où
nous nous trouvions en était l'épicentre. Qu'en conclure ? Ce n'était
pas notre heure sans doute...
En bas j'aperçois de gros barils et
déchiffre la pancarte qui donne le mode d'emploi : "agheasmà-se bea pe
nemîncate" = eau bénite, se boit à jeun. Je ne suis pas à jeun. J'obéis
et ne bois pas. Allez savoir ce que j'irais déclencher ? Peut-être une
nouvelle secousse plus forte que les autres... Ne tentons rien qui
puisse fâcher encore davantage les puissances célestes.
Allons
plutôt boire un bon verre en cette fin d'après midi. C'est ce que nous
faisons dans cet endroit chicos appelé le ballon. Les consommations n'y
sont pas plus chères qu'ailleurs. Un mariage en est à son deuxième jour
de fête. La serveuse paraît exténuée. Elle a travaillé tout le week-end.
Les autres jours, elle travaille de 7h30 à 23 h (avec des jours de
repos) et son salaire est de 1000 lei (220 euros).
Monique
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