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Le petit journal de Monique - Roumanie 2013
A travers la Roumanie Borsec et Mère Eliane
Baia de Cris
 
Ce matin, nous allons acheter 100 kilos de patates au marché pour les apporter au centre de placement d'enfants de Brad. Il accueille 22 enfants qui ont de 3 à 17 ans et fonctionne avec une dotation mensuelle par enfant (1700 lei par enfant et par mois : à diviser par 4.3 pour avoir la somme en euros). La dernière fois que nous avons rencontré doamna Lili, la Directrice, elle nous a fait part de ses préoccupations : la dotation n'a pas été attribuée ou du moins pas à l'échéance habituelle ce qui fait que l'économat n'a pu acheter des pommes de terre pour nourrir les enfants.

Aujourd'hui, elle nous apprend dans le même ordre d'idée qu'il n'y a plus de confiture. A signaler aussi qu'elle a demandé à Francine une somme d'argent pour permettre à 8 enfants qui partaient à la mer d'avoir un peu d'argent de poche pour leur séjour. (A noter que le séjour à la mer est gratuit pour le foyer mais qu'il n'y a qu'un seul pseudo éducateur qui accompagne les 8 enfants ???

C'est ainsi que l'association dont Francine s'occupe, aide des enfants qui vivent sous le toit familial, mais doit aussi à l'occasion palier aux manques incompréhensibles de ce pays! Dans le même ordre d'idée, nous avions également appris en visitant une famille bien bien en dessous du seuil de pauvreté que l'on peut rencontrer en France (je vous décrirai plusieurs de ces situations c'est inimaginable), que l'argent des bourses et l'aide pour prendre le micro bus scolaire n'avaient pas été versés l'année précédente, et, que pour cette rentrée il se faisait toujours attendre...

Le centre de placement visité aujourd'hui comporte des locaux relativement corrects (8 enfants par chambre mais c'est une grosse amélioration par rapport aux situation connues antérieurement) ce qui n'exclut pas certains problèmes au niveau de la prise en charge des enfants. Francine me dit que certains d'entre eux étaient en famille d'accueil mais que ces famille d'accueil ont choisi de quitter le pays pour aller travailler à l'ouest dans l'espoir d'un avenir meilleur, d'où l'orientation des enfants vers ce foyer.

Parmi les problèmes dès à présents identifiés :

- le personnel n'est pas formé et l'effectif insuffisant. De ce fait l'association de Francine finance deux postes pour améliorer la situation : un poste de femme de service et un poste qualifié (profil pédagogue, assistante sociale, puisque la formation d'éducateur n'existe pas. A noter que les études d'assistante sociale sont accompagnées d'un module en théologie ce qui va faire sourire certains ou certaines).

- les activités avec les enfants sont quasi inexistantes, d'une part parce que le personnel n'est pas très motivé, d'autre part par manque de moyen. (il existe par exemple un petite cuisine qui pourrait servir à faire des gâteaux avec les enfants mais il semble qu'il n'y ait pas suffisamment de crédit pour ne serait-ce qu'acheter les ingrédients nécessaires à la confection de ces gâteaux).

Ce matin donc, nous sommes arrivées au centre avec nos pommes de terre et j'ai participé au jury de recrutement d'une jeune femme qui se présentait pour devenir "éducatrice" au centre de placement. J'étais crevée à la fin de l'entretien : doamna Lili parle à 300 à l'heure et je me suis accrochée comme une dingue pour comprendre à peu près quelque chose... Je m'en sors assez bien. En fait cela dépend des jours... Si j'entends et parle du roumain toute la journée je finis par être bien à l'aise mais dans la voiture  avec doamna
Francine, on a quand même pas mal parlé Français donc...Tout cela pour vous dire que la jeune femme a été recrutée et qu'elle sera payée un peu plus de 900 lei pour 40 heures par semaine dont des week-end.

Après le déjeuner que nous prenons toujours un peu tard (les roumains mangent souvent vers 14 ou 15 heures et parfois pas le soir), je me suis proposée d'aller faire une petite ballade pendant la sieste de Francine, et, suis tombée dans la rue sur domnasoara Bouclette qui venait de mettre des fleurs dans le monastère franciscain de Baia de Cris : elle fait cela tous les vendredis bien qu'il n'y ait
plus aucun culte célébré dans l'église (sauf exceptionnellement à Noël ou lorsque des représentants de l'ordre des templiers viennent y séjourner). Bouclette m'a proposé de visiter ce monastère très ancien.

Elle me raconte qu'en 1952, 40 Franciscains chassés de quelque part par le régime en place, ont été assignés à résidence obligatoire dans ce monastère et que cette situation a duré pour eux 6 mois. Six mois pendant lesquels la population de Baia de Cris semble avoir déjoué par la ruse la vigilance de la sécuritat pour porter secours à ces personnes qui vivaient dans le dénuement...C'est peut-être pour cela qu'elle continue à fleurir l'autel de l'église désaffectée (il n'y a que 2 catholiques à Baia de Cris) car Bouclette a actuellement 63 ans et garde un souvenir très robuste de toute cette funeste période. Nous sommes montés à la tribune et à tour de rôle avons exercé notre voix pour tester l'acoustique qui est absolument incroyable. Nous avons donc décidé de revenir là une autre fois avec des partitions pour de nouveau chanter.

Je rectifie un petit truc que j'ai écrit hier concernant les religions sous le régime communiste : la religion romano-catholique était également tolérée (sans doute pour des raisons politiques car en Roumanie les fidèles de ce culte appartiennent en grande partie à la minorité hongroise).

Si j'ai le temps de vous écrire demain ce sera pour vous parler de nouveau de mon voyage à travers la ROUMANIE.

Monique

    A travers la Roumanie Borsec et Mère Eliane