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Le petit journal de Monique - Roumanie 2013
    Borsec et Mère Eliane Brasov, la suite...
Brasov
 
Le chemin à l'envers que je vous ai fait emprunter se termine à Brasov, la grande ville des Carpates entourée de montagnes , celle aux poubelles bien aimées des nounours...

Nous sommes attendues dans un village tout proche  (Satchel : écrit en phonétique) qui est la paroisse actuelle de Iosca 1er, un prêtre qui exerçait autrefois son ministère à Brad (chez Francine). La paroisse de Brad est tellement pauvre en catholiques, que les prêtres qui y officient le sont également, et vivent comme bien d'autres roumains en dessous du seuil de pauvreté (tandis que les popes font presque toujours partie de la tranche aisée de la population).

A Satsel, Iosca a davantage de paroissiens (il y a ici plus de personnes d'origine hongroise, donc plus de catholiques) et y vit donc plus aisément. Sa gouvernante Catherine, prend soin du presbytère, fait la cuisine, le secrétariat et le catéchisme. La maison et le jardin sont très agréables et super bien tenus.

Nous sommes très bien reçus avec en apéritif de la vicinata (c'est une liqueur de griotte) et pour ceux qui préfèrent que ça cogne un peu plus fort, de la tsuica...Je n'en fais pas partie car j'aime la douceur... Mais la vicinata c'est quand même traître (car on ne lésine jamais sur la dose en ce pays)... et un délicieux repas confectionné par Cathy.

Iosca parle maintenant un roumain très fluide (enfin je crois sans en être certaine), alors qu'il n'en parlait pas un mot lorsqu'il pris ses fonctions à Brad, me raconte Francine. Il est vrai qu'ayant assisté souvent à des messes, j'ai constaté que celles-ci se disaient parfois en roumain, parfois en Hongrois, parfois dans les deux langues, (avec un notre père en français pour les français, quand il y en a)...Mais l'on ne boude pas la langue officiele du pays où l'on vit sans raison...

Iosca semble garder un souvenir très douloureux du régime communiste et des discriminations (et persécutions) ethniques dont son peuple a été victime à cette période. Une profonde amertume semble encore gâcher le quotidien de cet homme pourtant soutenu par la foi... Il nous parle d'un nouveau découpage du territoire qui serait en projet et qui viendrait un peu plus détruire ce qui reste de l'identité hongroise en Transylvanie à travers l'implantation géographique...

C'est la souffrance qui s'exprime et que nous ne pouvons partager... C'est l'empreinte d'une longue période de terreur sur les gens... Certains chuchotent encore quand ils vous disent du mal du gouvernement... D'autres se décomposent sans raison s'il faut passer une frontière... Il n'y a certainement plus le moindre risque à exprimer sa pensée, la liberté d'aller et venir est bien réelle, mais cela ne fait rien, la peur reste tapie au fond du ventre, prête à se réveiller si on lui en donne l'occasion. Cela n'est pas perceptible chez tout le monde mais certaine personnes plus communicatives sur ce sujet laisse entrevoir cette douleur perturbante en elle même. De même, il n'existe plus forcément de raisons évidentes d'en vouloir à l'autre (ou la raison m'échappe, c'est possible) mais il reste quelque chose de très malaisé entre les différentes communautés ethniques ou religieuses...

A l'inverse, c'est parfois les roumains minoritaires dans le pays Hongrois de Transylvannie qui subissent des discriminations. La sœur Eliane nous a raconté que des religieuses roumaines sont arrivée à Topleza pour y fonder un orphelinat et que la population majoritairement hongroise et surtout les autorités municipales, n'ont eu de cesse que de leur mettre des bâtons dans les roues pour tenter de mettre en échec leur projet. Bonne nouvelle, les sœurs ont tenu bon et leur établissement a aujourd'hui bonne presse puisque les enfants affichent une réussite à 100% aux examens. Le maire est paraît-il finalement très fier de tous ces petits roumains. Cela montre bien que les pires ennemis peuvent finir par s'apprécier et met un peu de positif dans toute cette histoire.

Peut-être que les gens sont ainsi certes parce qu'ils ont souffert dans leur corps et leur dignité, mais qu'aussi les terribles exactions dont ils ont été victimes ainsi que leurs proches, n'ont à ce jour pas été réellement reconnues par l'intermédiaire de procès à l'encontre de leurs auteurs... Il semblerait selon un article que j'ai lu dans les nouvelles de Roumanie que ce processus soit en marche... Il faut espérer, si tel est le cas, que cela permettra d'apaiser toutes ces souffrances exprimées ou muettes.

Monique
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