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Le petit journal de Monique - Roumanie 2013 |
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Brasov, la suite... |
Cluj, en Roumanie |
Chiril, Georges et Corina. |
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Je me demande bien par quel sortilège je vous
décris ce grand tour de Roumanie en vous faisant prendre le chemin à
l'envers...Je dois être quelque peu perturbée par tout ce que j'ai
entendu vu et vécu depuis presqu'un mois maintenant.... Maintenant que
j'ai commencé, je suis obligée de continuer sur cette lancée...
L'étape précédente, donc, nous mène de Borsec, où nous avons passé la
nuit, au village de Chiril près de Vatra Dornei. C'est Corinna et
Georges qui nous accueillent dans leur maison de montagne qu'ils doivent
quitter le lendemain pour Cluj. La route est montagneuse et la forêt
sombre et épaisse. Au nombre de ses habitants qui doivent être très
nombreux (car peu de présence humaine en ces lieux) les ours sont à coup
sûr les plus forts, à moins que ça ne soient les loups ?
C'est
dimanche, c'est l'heure de la liturgie orthodoxe. Tout le monde est
dehors pour se rendre à l'église, qui à pied, qui à bicyclette, qui à
cheval, et peut-être en voiture, il y en a même un qui court, chose rare
en ce pays. Nous avons aussi le privilège de passer au milieu d'une fête
orthodoxe et d'y admirer des cavaliers en costumes traditionnels.
Francine décide de me montrer la Statinea Durau : nous y visitons un
monastère supplémentaire (l'iconostase est très beau) où la liturgie est
en train d'être célébrée, probablement avec au programme une bénédiction
de bébé car ils sont nombreux à se trouver là, et nous en avons
également vu qui se dirigeaient vers le monastère dans les bras de leur
mère.
Mais il est temps de vous présenter Corinna et Georges qui
en quelque sorte font partie des premiers amis roumains que Francine a
eu en Roumanie. Ce sont deux enseignants à la retraite tous les deux
professeurs de Roumain et de Français mais Georges a été Directeur à la
maison de placement de Baia de Cris et Corinna inspectrice des maisons
d'enfants. C'est dans ce cadre que Francine les a rencontrés il y a donc
assez longtemps. Ils ont une fille mariée qui a émigré au Canada où elle
réussit semble-t-il très bien socialement, et un fils qui vit près
d'eux.
Après le repas je fais une petite promenade à pied avec
Georges qui est heureux de me parler de son enfance, car Chiril est le
village où il a grandi. Pour un homme de plus de 60 ans parler de sa
jeunesse c'est aussi parler d'une époque que nous avons du mal à nous
représenter puisqu'elle se déroulait dans un village de montagne en
plein régime communiste. Il me raconte comment les paysans de ce
village, (élevage laitier principalement) ont de tout temps, y compris à
l'heure actuelle été obligés de cumuler l'activité à la ferme avec une
autre, soit en allant travailler à la mine d'uranium qui est aujourd'hui
encore exploitée (avec transport de l'uranium, non enrichi heureusement,
dans des camions sous une simple bâche), soit comme ouvrier forestier
(gros patrimoine forestier en cet endroit : le garde habite en face de
chez Georges). Ce fut semble-t-il l'une des raisons de l'échec de la
collectivisation que les dirigeants du régime avaient essayé de mettre
en place en cet endroit...Les fermes ne furent finalement pas
collectivisées ou du moins le projet avorta-t-il très rapidement, (le
rendement était vraiment trop faible : résistance?). George me montre
néanmoins la laiterie d'état où chaque exploitant devait porter le lait.
Il faut sans doute en conclure que la réalité du communisme pouvait
être différente d'un endroit à l'autre, si l'on considère cette
particularité.
Georges est aussi un homme qui aime à raconter
quelques bêtises... Je ne sais si la fable suivante est réelle... Je
vous la livre. Le village de Chiril a une rivière qui se nomme Bistritsa
qui en russe veut dire rapide. La rivière a en effet l'air de se
dépêcher de dévaler la montagne lorsque nous la longeons en montant vers
Chiril. Georges m'explique que les Russes se trouvant à Paris entraient
dans les cafés pour s'en jeter "un" en vitesse : "BISTRITS BISTRITS"
disaient-ils...Ce serait pour cela qu'aujourd'hui nous allons au bistrot
: c'est un professeur de Français en Roumanie qui le raconte, alors...
Corinna nous attend avec Francine. Elle n'est pas venue à la
promenade car elle a subi une intervention chirurgicale pour une
prothèse au genou et doit très prochainement faire l'autre. Si je vous
le dis, c'est que son cas illustrera parfaitement le fait que des
personnes qui ne sont pas les plus pauvres de Roumanie peuvent se
trouver en grandes difficultés matérielles dés lors qu'elles veulent
bénéficier de ce type d'avancée médicale. Corinna et Georges racontent
qu'ils ont dû débourser 2000 euros (en sachant qu'un salaire de 200
euros en Roumanie est déjà un salaire que tout le monde ne perçoit pas
même s'il travaille beaucoup) pour cette intervention, sans compter tous
les bakchichs qu'il a fallu verser en plus de cette somme (Georges a dû
payer un bakchich pour aller voir sa femme au soins intensifs, Corinna
pour bénéficier d'une toilette etc etc). Corinna m'explique que sa fille
ainsi que plusieurs amis mieux lotis ont aidé à régler cette
intervention. Dans le cas contraire, il aurait fallu soit s'endetter en
sollicitant un emprunt, soit renoncer à l'opération et rester
handicapé....
Pour l'instant le problème de l'accès au soins me
semble l'un des plus considérable et injuste envers la population
roumaine. Ce cas est grave, mais il y a bien pire, vous le verrez par la
suite, lorsque j'en aurai fini avec ce beau voyage à travers la
Roumanie. Bonne rentrée à Cluj, Corinna et Georges. Demain, je vous
parlerai de mes 24 heures au carmel.
Noapte bun la toate lumea
(bonne nuit à tout le monde).
Monique
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