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Le petit journal de Monique - Roumanie 2014
 
  Alexandra
Abracadabra
 
Les jours passent ici aussi fugitifs que des étoiles filantes. Il y a comme une accélération du temps chez Francine toujours aussi débordante d'idées et de bonne humeur sauf lorsqu'un réflexe petit bourgeois de notre part a le don de lui faire monter la moutarde au nez.
Et nous ne sommes nullement à l'abri de ce type de réflexe même avec la meilleure volonté du monde. On n'est pas issu d'un pays gâté
comme celui dans lequel nous avons l'habitude d'évoluer, avec de surcroît la chance d'appartenir à la classe moyenne fut-elle la classe inférieure de cette catégorie, sans avoir de temps en temps son petit caprice du moment, ou ce qui apparaît comme tel ici.
Je dirais que comme je suis en deuxième année chez Francine, je parviens maintenant tant bien que mal à faire des presque sans fautes sur 24 heures ou à me rattraper de justesse quand l'ombre d'une parole ou d'une attitude déplacée ici, précède mes bonnes intentions.

On ne peut pas toujours en dire autant de cette bande de jeunes que j'ai trouvés ici en arrivant, les six scouts. Ils n'ont même pas vingt ans, ont un esprit absolument adorable, serviable et les objectifs de leur venue ici en Roumanie sont tout à fait louable et atteints, je le crois. Mais aussi ce sont des jeunes qui multiplient les gaffes et à eux six, ils seraient plutôt du genre à faire cents fautes en 24 heures. Fautes mineures bien entendu, fautes de gamins on ne peut mieux élevés, mais qui n'en appartiennent pas moins à la jeunesse du 21ème siècle, un peu "le cul dans le beurre" le reste de l'année, comme disent certains. Francine a calculé qu'elle en avait grosso-modo reçus une soixantaine depuis le mois de février ce qui n'est pas une mince affaire.

On laisserait sans y voir aucun inconvénient le velux ouvert toute la journée alors qu'il va pleuvoir, si Francine ne veillait au grain à chaque départ. On fait la cuisine et
on ne nettoie pas la gazinière. On arrive en retard pour le repas et on trouve encore le moyen de regarder sur internet alors que le repas refroidit... Rien de bien grave, voyez-vous, mais quelle patience de la part de notre hôtesse.

Demain le sympathique petit groupe nous quitte et va néanmoins beaucoup nous manquer. Ces jeunes ont animé pendant deux semaines un centre aéré improvisé dans une école de quartier défavorisé et ont eu beaucoup de succès. Les premiers jours quelques enfants venaient les rejoindre et peu à peu ce furent vingt puis presque trente d'entre eux qui vinrent quotidiennement participer aux activités proposés.

Domnisoara Bouclette, salariée roumaine de l'association les a aidés à communiquer avec les enfants. Improvisé le centre aéré, car nul besoin ici de se prendre la tête avec des déclarations et des contrôle sanitaires et de sécurité. En Roumanie, s'il existe beaucoup d'obstacles à la promotion de l'individu, il y a au moins une chose qui fait bien plaisir, c'est qu'on peut mener un projet à bien en peu de temps et avec un minimum de moyens.

Une salle de classe dans une école de quartier, une demi-douzaine de jeunes bénévoles, un ballon, des cartes, un peu de matériel récupéré à droite à gauche. Abracadabra, un beau centre aéré gratuit pour tous ceux qui veulent venir.

Cet été, Francine avec un couple engagé dans
l'association a même organisé une colonie de vacances dans le monastère franciscain de Baia de Cris (équipé pour recevoir des groupes). On essaie de trouver des donateurs pour réaliser ce projet. Même si çà n'est pas facile on finit par y parvenir. On choisit une douzaine d'enfants parmi ceux qui en ont le plus besoin, une personne s'improvise cuisinière, Francine fait les courses, trois jeunes font l'animation, Bouclette traduit. Du travail, de la bonne humeur et un beaucoup de cœur. Abracadabra et voici la belle colonie de vacances pour les enfants qui passent leur enfance entassés dans une seule pièce avec leur parents.

Ici c'est encore un pays où il est possible d'avoir de la suite dans les idées et de les concrétiser pour faire avancer les choses. Tant mieux car il n'y a pas une minute à perdre à l'est. A l'ouest, on croit sans doute que l'on peut encore se payer le luxe de toute cette bureaucratie, technocratie qui nous consument et nous paralysent. C'est pourtant du vol d'argent public alors qu'il n'y en a vraiment plus beaucoup d'après ce qu'on dit, et de temps et d'énergie. Tout cela a le don de nous pomper l'air et de nous décourager.

Monique.